Coronavirus et numérique : recensement collaboratif des mesures de surveillance
@moutonnumerique
Nous avons besoin de renforcer nos défenses immunitaires contre la surveillance
Le Mouton numérique lance un recensement collaboratif des mesures de surveillance mises en place en réponse à l’épidémie de COVID-19, pour documenter les initiatives et les moyens technologiques déployés, leurs atteintes aux libertés civiles, au contrôle démocratique et la normalisation de la collecte et de l’utilisation de données de la part d’acteurs publics et privés. Les initiatives de surveillance se multiplient en réponse à l’épidémie de COVID-19. Elles prennent la forme d’applications, de systèmes de partage et d’analyse de données destinées à connaître et à anticiper la propagation du virus, à faire respecter la quarantaine ou le confinement. Elles s’appuient sur les données personnelles des citoyens, sur leurs données médicales, sur les données de leurs déplacements, de leurs comportements et de leurs interactions.
Ces mesures posent évidemment un problème quant au maintien des libertés civiles et au respect de la vie privée, mais pas seulement. Elles soulèvent un problème de contrôle démocratique, chaque fois qu’elles sont mises en place le plus vite possible, sans débat public, et dans le cadre légal de dispositifs d’« urgence ». Dans ce contexte, l’efficacité technologique présumée prend le pas sur toute forme de délibération au sujet des conséquences sociales et politiques escomptées.
Enfin, de nombreuses initiatives prennent la forme de partenariats public-privé entre État et GAFAM, ainsi que d’autres entreprises du numérique qui possèdent un capital de données sur les comportements, les interactions et les déplacements de leurs utilisateurs, accumulées pour leur revente ou à des fins publicitaires. Leur emploi dans cette situation exceptionnelle risque de légitimer cette activité d’exploitation illégitime des entreprises du capitalisme de la surveillance et de normaliser la collecte de ces informations, surtout si la crise sanitaire devait se prolonger.
Si cela ne signifie pas que toutes les solutions mises en place dans le contexte de l’épidémie sont nuisibles et indésirables, nous devons néanmoins être en mesure de les connaître, de les juger et de les critiquer.
Cette base de données est construite pour recenser et pour documenter les mesures de surveillance mises en place, les partenariats public-privé en matière de partage et d’analyse de données et les problèmes politiques et juridiques que ces initiatives soulèvent.
Vous pouvez contribuer directement sur le document ou nous contacter si vous êtes intéressés à suivre les mesures mises en place par un pays, ou dans une région du monde. En ces temps d’urgence, plus que jamais, nous avons besoin de renforcer nos défenses immunitaires contre la surveillance.
Maud Barret Bertelloni @MEBertelloni