Déchets radioactifs/Bure/Cigeo : dernier arrêt avant la dictature ?
La justice a massivement surveillé les militants antinucléaires de Bure
Enquête édifiante de Reporterre et Médiapart qui mettent au jour une incroyable instrumentalisation de la justice au profit de l'industrie nucléaire. Il ne s'agit en effet pas de sanctionner des actes prétendus illégaux mais bien de détruire l'opposition au projet Cigeo d'enfouissement des déchets radioactifs. Or, quoi que l'on pense du nucléaire et de Cigeo, personne ne peut nier le droit de chaque citoyen à se mobiliser contre un projet qu'il conteste.
Les faits sont inouïs : selon Me Matteo Bonaglia, l’un des avocats des mis en examen, « on observe un maillage quasi colonial du territoire, un dévoiement des outils judiciaires à des fins de surveillance et d’entrave des opposants au projet d’enfouissement des déchets nucléaires. Il est devenu quasi impossible de lutter et d’exprimer ses opinions sur place sans être pris dans les mailles de ce filet ».
On note aussi l'utilisation par la police et la justice du logiciel Anacrim qui, comme son nom l'indique, sert dans les affaires de meurtres et assassinats ! Se mobiliser contre Cigéo serait donc un crime... Mais, pour les citoyens militants, le pire est probablement d'être mis en examen par… un blanc-bec prénommé Kévin !
Avant même l'affaire du coronavirus, il était bien légitime de se poser des questions sur la signification du terme « transition énergétique »,(1) mis à toutes les sauces y compris par les pires pollueurs.
Le grand public croit généralement que l'on se dirige tant bien que mal vers un avenir sans pétrole, gaz, charbon ni nucléaire, mais il est nécessaire de rappeler que, au fil de l'histoire, les « nouvelles énergies » se sont toujours rajoutées aux précédentes sans jamais les faire disparaître…(: https://bit.ly/2XCuJIx ) Cependant, « grâce » au coronavirus, le confinement quasi général sur la majorité de la planète a bousculé l'ordre établi : l'Agence internationale de l'énergie « constate une chute record de la demande en énergie. Pour toute l'année 2020, la demande mondiale devrait chuter de 6 %, soit une dégringolade sept fois plus importante que celle qui a suivi la crise financière de 2008 ».
Non négligeable, certes, mais il ne s'agit tout de même pas de 30%, 50%, ou 80% ! Et aujourd'hui que le « déconfinement » est entamé, il semble que l'on se dirige inexorablement vers un « nouveau monde »… quasi identique à l'ancien !
La boulimie mondiale d'énergie va reprendre de plus belle, et le subterfuge de la prétendue « transition énergétique » va être à nouveau de mise. Nous espérons nous tromper mais sans trop y croire. Notons toutefois que, sans pour autant être devenu miraculeusement un pays parfait, l'Allemagne semble réussir à réduire sa consommation d'énergies carbonées tout en fermant ses réacteurs nucléaires...
Comme tous les secteurs d'activité, le nucléaire ne pouvait qu'être impacté par le confinement anti-virus. Mais une centrale atomique n'est pas une fabrique de chaussures et le danger d'accident voire de catastrophe, déjà bien réel en temps normal, a assurément été démultiplié.
Le recours à la sous-traitance,(2 )dénoncé de longue date comme étant un facteur d'aggravation des risques, a été augmenté de façon massive et même illégale par EDF ( https://bit.ly/373Xi4z )qui a aussi décidé de reporter des opérations de maintenance... ( https://bit.ly/2UerswQ )dont on peut pourtant supposer qu'elles n'étaient pas programmées pour rien ! Mais soyons rassurés, l'ASN (prétendue « autorité » de prétendue « sûreté » nucléaire) a fait savoir par communiqué qu'elle était « préoccupée » . Ouf ! Autre effet croustillant du coronavirus : présenté comme faible, le prix de l'électricité nucléaire s'est avéré en fait beaucoup plus élevé que celui du courant achetable sur les marchés de gros. Pourtant, on nous a tant raconté que, même s'ils ont coûté (très) cher, nos 58 vieux réacteurs nucléaires sont désormais très rentables car amortis.
D'ailleurs, les concurrents d'EDF avaient intrigué dans les coulisses du pouvoir pour obtenir la mise en place d'un système (une véritable usine à gaz baptisé ARENH) leur permettant d'acheter à EDF une part de la production nucléaire. Mais, subitement, ces petits malins (dont le géant pétrolier Total) se sont rendu compte que leur idée se retournait contre eux, et ils ne veulent plus d'électricité nucléaire : une prise de conscience… dictée par le portefeuille !
Quant à Orano (ex-Areva), cette entreprise nuisible s'est signalée en introduisant le coronavirus en Mongolie. Il faut dire que les dirigeants (corrompus) de ce pays ont déroulé le tapis radioactif aux Français pour venir extraire de l'uranium au grand détriment de l'environnement et de la population, en particulier à l'encontre de la population nomade ancestrale. Il serait temps que Gengis Kahn revienne pour embrocher les adorateurs de l'atome.
Pour mémoire, Orano est depuis 2018 dans le viseur du parquet national financier pour de forts soupçons de corruption en Mongolie (https://bit.ly/377XErc ) Il est toujours croustillant de lire les textes désespérés(3 ) des pronucléaires qui se désolent de voir leur chère industrie atomique se déliter. Pour eux, c'est certain, c'est là la conséquence des actions insidieuses et malhonnêtes des antinucléaires – lesquels auraient donc un immense pouvoir en France et dans le monde !!! - qui seraient même des « traîtres à la Patrie », faisant le jeu des pays étrangers au détriment du bel atome hexagonal.
Ce sont pourtant bien les nucléaristes d'EDF et Areva (Orano) qui sabotent les EPR de Finlande
et l'industrie nucléaire avance inexorablement vers sa fin de vie
Belgique : la Cour constitutionnelle bloque la prolongation des réacteurs de Doel 1 et 2
Explosion à la centrale nucléaire de Philipsburg (fermée!)
En Belgique, la Cour constitutionnelle a annulé une loi scélérate qui prolongeait le fonctionnement des antiques réacteurs de Doel, mais hélas les prétendus « sages » ont maintenu les effets de cette loi annulée (on croit rêver) jusqu'en 2022, le temps pour les « responsables » politiques et industriels de mettre au point une nouvelle loi... permettant la prolongation du fonctionnement des deux réacteurs.
En Allemagne explosion contrôlée pour détruire les tours de refroidissement (non-radiocatives) de la centrale nucléaire allemande de Philipsburg. Normalement, en 2022, ce pays ne produira plus le moindre électron avec l'atome : un long chemin entamé en 2000 et confirmé en 2011 du fait de la catastrophe de Fukushima.
Il restera alors quelques dizaines de milliers d'années de travail pour s'occuper des déchets radioactifs produits pendant l'ère atomique, mais l'arrêt définitif de cette industrie va tout de même être une bonne nouvelle, contrairement à la France qui continue hélas à s'enfoncer dans la fange radioactive.(5)
Au début des années 2000, la construction de dizaines de nouveaux réacteurs nucléaires était annoncée aux USA où, pour prendre leur part du magot, EDF et Areva ont investi massivement… pour rien : la quasi-totalité des projets a été annulée et, le moins qu'on puisse dire, c'est que le seul qui a été maintenu se porte très mal !
En effet, le réacteur n°3 de la centrale nucléaire Vogtle, un AP1000 en construction à Waynesboro en Géorgie, s’enfonce dans l’argile rouge ce qui provoque l’inclinaison de l'installation ! On ne sait si son « frère » le n°4 joue lui aussi à la Tour de Pise, mais tous deux ont déjà accumulé des années de retard et des milliards de dollar de surcoûts, marchant fièrement sur les traces de leurs cousin français l’EPR !
Peut-être encore plus terrifiant est le cas d'un stockage insensé de divers déchets terriblement radioactifs légué par les USA aux Iles Marshall, le tout sous un dôme qui menace de s'effondrer. Le Congrès américain a ouvert une enquête en décembre 2019 sur le risque que représente ce stockage pour lequel, à ce jour, les États-Unis ne se sont jamais excusés auprès des Îles Marshall.
Toujours plus ridicule : la centrale de Flamanville (deux réacteurs mis en service en 1985 et 1986) va rester à l'arrêt pendant encore des mois, au moins jusqu'au 31 octobre. Le réacteur 2 (corrodé) est stoppé depuis septembre dernier, le réacteur 1 depuis janvier 2019 ! Pas de quoi redonner le moral à l'EPR en construction juste à coté !
A chacune de nos publications, nous ne pouvons que nous excuser (ironiquement) de rendre compte d’événements devenus d'une banalité absolue : des retards, des malfaçons et des surcoûts sur les chantiers EPR. Mais il faut reconnaître à EDF et Orano (ex-Areva) une créativité exceptionnelle pour générer continuellement des aventures improbables.
C'est ainsi que l'EPR de Finlande, vendu en 2003, commencé en 2005, et qui devait entrer en service en 2009, présente une grave fuite alors qu'il n'est même pas terminé ! Lors d'un test, il a été détecté une défaillance d’une soupape de sûreté du pressuriseur, équipement capital pour la sûreté du réacteur.
Malgré la communication lénifiante d'Orano et de son malheureux associé finlandais TVO, il est très probable que cette affaire entraîne de nouveaux retards (déjà 11 ans!) et surcoûts d'une ampleur impossible à évaluer à ce jour.
Mais le plus croustillant est que ce problème est générique : il a toutes les « chances » de se retrouver sur l'EPR de Flamanville (toujours en chantier lui aussi!) et même sur les deux EPR péniblement en activité en Chine. Des contrôles seraient en cours et, si le risque de fuite est confirmé, la France pourrait se retrouver à payer de terribles pénalités aux Chinois, comme c'est déjà la cas en faveur des Finlandais. Et dire qu'il y a encore des imbéciles qui prétendent que la France gagne de l'argent en exportant son « savoir-faire » nucléaire…
A propos de l'EPR de Flamanville, on notera que le gouvernement vient d'accorder (6) à EDF quatre ans de plus pour le mettre en service, en sus des trois ans de rab déjà accordés sous Hollande, et des dix ans donnés au départ (en 2007) par Villepin. Pour mémoire, EDF se faisait fort d'achever l'EPR en... quatre ans !
A voir le film "Invisibles retombées"(4) qui s'appuie sur les missions conduites au Japon par le laboratoire du CRIIRAD pour rendre palpable cette radioactivité invisible et ses conséquence sur les populations touchées par les retombées...
1-Energie : c'est quand qu'on va où ?
Il n'y a pas de transition énergétique
La demande mondiale d'énergie subit un « choc historique »
Réduction des émissions de CO2 : l’Allemagne surprend les experts
2-Le nucléaire frappé par le coronavirus
Nucléaire : pendant le confinement, un recours massif et illégal à la sous-traitance
Dans les centrales nucléaires, le coronavirus inquiète les sous-traitants
EDF prolonge ou repousse les arrêts de dix réacteurs
L’ASN « préoccupée » par le report des arrêts de réacteur
EDF dénonce des demandes "baroques" de Total, qui veut renoncer à l'électricité nucléaire
Un Français d'Areva importe le Coronavirus en Mongolie !
3-Les pronucléaires se désespèrent...
Trahison industrielle
Nucléaire : comment l’État vient d'achever le sabordage d'une filière d'excellence française
4- (Sur)vivre en zone contaminée ?
5- L'industrie nucléaire, toujours plus ridicule… et dangereuse
USA : un réacteur nucléaire en construction s’enfonce dans le sol
Un dôme radioactif menacé de se fissurer à cause du réchauffement climatique
La production d'électricité à Flamanville interrompue jusqu'au 31 octobre
6- Les EPR : toujours plus catastrophiques !
Grave fuite sur l'EPR finlandais !
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EPR : le gouvernement profite du Coronavirus pour accorder 4e ans de plus à EDF...