PRÉCARITÉ ÉNERGÉTIQUE
Les mesures de confinement liées à la crise sanitaire ont mis en lumière le quotidien de familles modestes, cumulant les signes de précarité, à commencer par leurs logements.
Selon l’Observatoire national de la précarité énergétique, 5,8 millions de ménages seraient concernés en France. « Pourtant, la rénovation de ces passoires thermiques, c’est tout bénef! Sur le plan économique, cela stimule de l’activité, notamment dans des tissus de PME, d’artisans pouvant ainsi relancer l’économie locale ; sur le plan social, car ces travaux améliorent le confort des gens, permettent de diminuer les factures sur le long terme ; et sur le plan environnemental, en réduisant de façon importante les émissions de G.E.S.
D’ailleurs, tous les scenarios de neutralité carbone intègrent la rénovation massive et ambitieuse des bâtiments », détaille Jean-Baptiste Lebrun, directeur du Cler-Réseau (https://cler.org/) pour la transition énergétique. Dernier atout non négligeable dans ce contexte de crise sanitaire : les économies sur les dépenses de santé.
Selon l’étude publiée en mars 2020 par l’initiative
elles s’élèveraient à plus de 700 millions d’euros par an, car les logements ayant une classe énergétique F ou G sont souvent responsables d’un nombre accru de maladies chez leurs occupants.
Pour bâtir une politique de rénovation énergétique efficace, quelques leviers précis pourraient être rapidement activés. Tout d’abord, une réglementation claire avec des horizons
relativement proches, et une priorité : interdire la location des passoires énergétiques !
Ensuite, des aides financières, notamment pour les ménages les plus modestes : « La réno-
vation étant rentable et attractive sur le long terme, les banques pourraient développer des
offres de financement par emprunt. Et pour les ménages n’ayant pas de capacité d’emprunt, d’autres aides accessibles, et pourquoi pas aller vers le reste à charge zéro pour les plus bas revenus » propose Jean-Baptiste Lebrun. Enfin l’accompagnement opérationnel sur le terrain par des experts de confiance est essentiel, tant le paysage des interlocuteurs et des dispositifs reste complexe.
« Aujourd’hui, beaucoup d’argent est dépensé sur des opérations inefficaces, voire contre-productives, telles que les chaudières à 1 € car les dispositifs publics sont principalement déclenchés par des intérêts privés, et le système de rénovation est pensé geste par geste. Renverser la logique en injectant massivement de l’argent dans une démarche globale de rénovation des logements serait beaucoup plus pertinent. »